Le mode mineur

Le mode mineur comparé au mode majeur

Nous avons vu précédemment qu’en choisissant la note A comme centre de gravité de la gamme formée par les notes naturelles on obtient la gamme de A mineur.

Gamme de A mineur

Comparaison mode mineur / mode majeur

La différence entre le mode majeur et le mode mineur se situe au niveau des degrés III, VI et VII.

Si on mesure les intervalles du mode mineur de façon radiale, sa différence avec le mode majeur c’est que, dans le mode mineur :

  • Du I au III il y a une tierce mineure et non pas une tierce majeure
  • Du I au VI il y a une sixte mineure et non pas une sixte majeure
  • Du I au VII il y a une septième mineure et non pas une septième majeure

Comparaison linéaire des intervalles des modes majeur et mineur :

Degrés : la notation des musiciens de jazz

Lorsqu’ils observent les notes d’une gamme mineure, les musiciens de jazz en désignent les degrés par des symboles légèrement différents de ceux utilisées pour le mode majeur ;

  • III devient bIII
  • VI devient bVI
  • VII devient bVII

À l’Atelier 440, nous avons aussi adopté cette convention de notation (différente de celle des musiciens classiques) car elle a le mérite de clarifier l’analyse musicale.
Ainsi quand une note est analysée comme le degré bIII d’une gamme, on sait immédiatement que cette note a un rapport de tierce mineure avec la tonique. (Et c’est la même idée avec le degré bVI situé à une sixte mineure, et le degré bVII situé à une septième mineure de la tonique).

Si par exemple l’analyse d’une partition présente le chiffrage bIII sous un accord de A majeur, on sait alors qu’à cet endroit de la partition, la tonique est la note F#. Cette situation correspond notamment à la gamme de F# mineur (mais d’autres modes que le mode mineur peuvent également avoir un degré bIII).


Cette convention venant des musiciens de jazz est d’autant plus utile que les degrés bVII et bVI du mode mineur ont en réalité une forte tendance à la mobilité. Ce sera l’objet du paragraphe suivant consacré à la “note sensible” dans le mode mineur.

La note sensible et le mode mineur

Lorsqu’une note est identifiée comme le degré bVII d’une gamme (notation jazz), cela permet de bien rappeler qu’elle est située un ton sous la tonique.
C’est le cas du mode mineur qui ne contient pas de note sensible, contraitement au mode majeur. 

Mais en réalité nous parlons là du mode mineur “par défaut”, qu’on appelle aussi “mode mineur naturel.
Car ce qui est propre au mode mineur, c’est que son extémité aigüe est mobile.

En effet, le degré bVII se retrouve très souvent haussé d’un demi-ton pour devenir une note sensible (chiffrée VII), soit ponctuellement, soit plus durablement.

Exemple de degré bVII qui devient VII = note sensible

Extrait de la symphonie n°40 de Mozart transposée en A mineur (la tonalité d’origine est G mineur).

    • La gamme de A mineur est constituée des 7 notes naturelles : ABCDEFG
    • La note G est le degré bVII de cette gamme. Elle apparait mesure 2  dans la mélodie (note bleue)
    • La note G# apparait mesure 3 dans l’accompagnement, et mesure 4 dans la mélodie (notes rouges)

    Ici la note G# est la mutation du degré bVII en degré VII, note sensible.

    Cette survenue ponctuelle de la note sensible dans la gamme qui par défaut n’en contient pas, fait aussi apparaître une altération (ici un #). Comme cette altération n’est pas contenue dans la gamme par défaut, on la considère comme « ponctuelle ». Au lieu de ce terme le langage de l’analyse classique préfère celui de « altération accidentelle« .

    Article précédent : Les modes diatoniques