Période baroque

Histoire de la musique occidentale : période baroque

À partir des années 1600, le nouveau courant du Baroque, né en Italie, marque un grand tournant. Il parachève une fusion entre l’expression théâtrale, et l’expression musicale. C’est la naissance de l’opéra, forme vocale et instrumentale qui commençait déjà à poindre dans les madrigaux de la Renaissance. L’opéra apparait d’abord dans les milieux savants, dans les palais. Il prend appui sur des thèmes issus de la mythologie.  Il conquiert toute l’Europe. Et surtout, il se propage aussi, assez rapidement, dans les milieux populaires, grâce à un nombre croissant de compositeurs instruits, mais non engagés dans le culte religieux. À l’opéra « seria » (sérieux), ces compositeurs créent une réplique populaire :  l’opéra « buffa » qui s’inspire plutôt d’histoires simples, de romances, de scénarios volages, comiques ou tragi-comiques. Même l’église se prend au jeu de cette nouvelle mode en lançant le genre de l’oratorio. Il s’agit d’une sorte d’opéra sans scénographie qui exploite cette fois les textes liturgiques.

Si le peuple a ainsi pu accéder et participer à cette nouvelle forme musicale issue de la culture savante, c’est grâce à la classe sociale de la bourgeoisie. Au XVIIe siècle, celle-ci s’est considérablement développée. Elle a créé ses propres élites, dans la musique comme dans d’autres activités. Et elle commence à rivaliser avec la noblesse ou avec l’église par son instruction et par son poids économique. Elle peut notamment financer des opéras, qui sont des spectacles à gros budget. Ils nécessitent en effet des décors, la machinerie pour les mettre en œuvre, et un nombre considérable de musiciens instrumentistes et chanteurs à mobiliser. Et elle peut aussi financer les salles de spectacle pour accueillir ces productions. Jusqu’au XVIIe siècle, ces salles n’existaient pas. L’idée même que la musique puisse être donnée en « concert » est d’ailleurs apparue très progressivement, avec le développement des grands effectifs vocaux et instrumentaux (qui jouaient donc « de concert », c’est-à-dire ensemble). Pendant longtemps, la classe bourgeoise a organisé de tels concerts à l’intérieur même des maisons des particuliers.

Les formes musicales « théâtrales » apparues au milieu de la Renaissance et qui ont par la suite évolué vers la naissance de l’opéra, vont de pair avec le développement de la conception musicale verticale.

On s’est peu à peu éloigné de l’architecture musicale de type contrapuntique, qui superpose les lignes mélodiques en essayant de donner à toutes une égalité de traitement (amoindrissant la notion de mélodie principale). Désormais, la création musicale prend le chemin de la « monodie accompagnée ». Une mélodie principale, vocale et porteuse d’un texte, devient le moteur de l’œuvre, et se détache de l’accompagnement qui est harmonique, c’est-à-dire qui fait entendre une succession d’accords.

D’ailleurs, peu à peu, cet accompagnement « vertical » est exclusivement assuré par un groupe instrumental.
De nouveaux types d’instruments sont apparus, qui favorisent ce jeu harmonique : le luth et le clavecin. La partie musicale de ces instruments n’est plus mélodique, mais elle est constituée d’accords plaqués ou arpégés. Le style particulier de la « Frottolla », propre au luth, associe aux accords un rythme animé.

La mélodie lead peut alors s’émanciper du bloc bien distinct qu’est devenu son accompagnement harmonique et instrumental. Elle commence alors à faire entendre de plus en plus d’audaces par ses dissonances. Elle appuie le contenu dramatique du texte qu’elle porte.

À l’époque baroque, les couches savantes et populaires de la société semblent donc se rejoindre dans leur goût pour l’opéra.  Dans ces deux bords de la société, quelques controverses animent parfois le public et les compositeurs, autour de conceptions musicales qui continuent de diviser. L’une d’elle, baptisée « querelle des bouffons » a particulièrement marqué l’Histoire. Elle crée véritablement deux partis : l’un issu de l’héritage savant, représenté par exemple par Jean Philippe Rameau, l’autre revendiquant la culture populaire, représenté par Jean Jacques Rousseau.

Les « savants » s’insurgent contre une tendance grandissante, qui voit les mélodies s’orner de dissonances de plus en plus appuyées et nombreuses. Ces défenseurs de l’ancien style, réclament plus de « raison », expliquant à leurs pairs que toute mélodie doit être créée en accord avec l’harmonie dont elle émane. Ils estiment que les nouvelles mélodies (celles de Pergolèse sont l’événement déclencheur de la querelle) n’ont plus de cohérence harmonique à force d’être envahies par les dissonances.
Le parti adverse n’entend pas les choses de cette oreille. Il trouve au contraire que ces nouvelles mélodies soutiennent le drame, c’est-à-dire l’action que leurs paroles décrivent. Pour les défenseurs de la musique populaire, cette tendance participe à rendre le texte encore plus saisissant et la mélodie plus naturelle, car plus proche de la parole.

On attribue à cette polémique d’avoir accéléré le virage vers une nouvelle tendance musicale née en Allemagne, qu’on nommera plus tard le classicisme.

Durant la période baroque, il faut aussi noter la très nette progression de trois aspects de la musique :

 

  • Les formes musicales purement instrumentales se développent. Ceci est favorisé par la modernisation des instruments, dont notamment ceux à clavier et ceux à archet. L’une d’elles est celle du « concerto » qui met en valeur une partie instrumentale soliste accompagnée par un orchestre.

 

  • Le renforcement et la stabilisation du système tonal.

 

  • Les œuvres profanes présentent désormais une architecture en plusieurs parties avec des récurrences. Cette organisation structurelle, à laquelle participe le parcours tonal de l’œuvre, se normalise. Le format de la « suite », qui découpe l’œuvre en plusieurs mouvements, devient traditionnel.

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