Rhythm and Blues

Histoire de la musique occidentale : Rhythm and Blues

Initialement joué en solo, le Blues a évolué depuis ses origines. C’est désormais souvent tout un groupe d’instruments qui accompagne la voix lead. Celui-ci se compose par exemple de plusieurs guitares, d’un piano, d’une contrebasse, d’une batterie et d’instruments à vent issus du swing. Dans les années 1930, l’amplification électrique de la guitare a fait son apparition. D’abord utilisée dans les grands ensembles, la guitare amplifiée est aussi rapidement adoptée par des petites formations de Blues.

L’expression Rhythm and Blues apparaît dans les années 1940. Elle est tout d’abord une étiquette commerciale sous laquelle se vendent des enregistrements qui font entendre ces évolutions d’un Blues plus électrique, et plus soutenu instrumentalement. Dans les années 1950, elle désigne un genre à part entière qui s’est peu à peu distingué de ses fondements Blues.

D’une part il s’est produit un phénomène d’électrification progressive. Après la guitare, c’est la contrebasse qui se voit proposer une alternative électrique. Mais, plutôt que son amplification, c’est un nouvel instrument qui voit le jour : la basse électrique.

Par ailleurs, il se nourrit également de l’énergie du style Boogie. Il lui emprunte souvent son ostinato, qui est alors pris en charge par la basse, ou par la guitare. Il faut noter que d’autres ostinatos s’étaient d’ailleurs invités dans les musiques afro-américaines longtemps auparavant. En effet, le jazz de la Nouvelle Orleans avait intégré les motifs rythmiques de la musique cubaine, en les syncopant davantage et en leur appliquant une pulsation swing. Désormais, c’est plus particulièrement celui de la Habanera qui anime le Rhythm and Blues. Il y est associé à une accentuation des temps faibles (2 et 4) de plus en plus affirmée, désignée par le terme Backbeat.

D’une façon générale, le Rhythm and Blues prolonge une tendance qui s’est amorcée dans les années 1940, y compris dans les big bands avec le genre du Jump Blues : celle de développer l’énergie rythmique. Certains artistes jouent même le jeu d’attitudes et de paroles sexuellement suggestives, pour mieux stimuler les esprits et les corps dans les mouvements de déhanchement. Ce parti pris ne manquera pas de faire réagir bientôt la partie puritaine de la société américaine. Mais, au fil des années 1940, alors que le Rhythm and Blues se développe, il reste plutôt méconnu de la société américaine blanche.

Le Rhythm and Blues est pratiqué par les musiciens afro-américains qui l’ont fait naître. Son public reste aussi, pendant quelques années, plutôt circonscrit à cette communauté. Mais avec ce genre musical et le développement de l’industrie du disque éclosent les bourgeons d’une nouvelle grande branche de l’Histoire de la musique qui va s’émanciper du Jazz.

Au début des années 1950, le disque « microsillon » s’est démocratisé aux États-Unis, et le nouveau format du 45 tours (disque contenant généralement 1 titre par face) est moins cher et facile à transporter. À peine plus tard, le transistor transforme le poste de radio en un objet réduit qu’on peut déplacer partout. Toutes ces mutations technologiques favorisent l’accès des adolescents à la musique enregistrée.

Dans la société blanche, ce sont les jeunes qui sont les premiers à découvrir le Rhythm and Blues, d’abord grâce aux disques. Et c’est rapidement l’engouement. Surfant sur cette effervescence, les industriels du disque, qui jouent désormais un rôle clé dans le rayonnement des artistes et des courants musicaux, contribuent à faire de la musique, grâce au Rhythm and Blues, le principal objet de consommation de masse de la société.

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