Technique du tempo mapping

En quoi consiste le tempo mapping ?

Le tempo mapping est une opération technique que le compositeur peut assurer avant de démarrer son travail de composition. Elle consiste à déterminer un cadre rythmique et formel précis dans lequel sa création musicale va s’inscrire.
Dans le logiciel de type DAW que le compositeur utilise pour composer, ce cadre se traduit par des valeurs de tempo et de métrique enregistrées dans la timeline du projet.

La technique du tempo mapping est souvent liée à une approche de la composition à l’image qui commence par la synchronisation de “temp tracks”.

Sur ce sujet, voir la page «synchronisation de temp tracks».

Toutefois l’établissement d’une Tempo map peut aussi se passer de modèle musical pré-existant et s’appuyer sur une structure musicale purement originale imaginée par le compositeur.

Pour composer une musique de film, s’appuyer, sur une tempo map élaborée d’après une temp track, est une technique très efficace. Car elle offre d’emblée au compositeur un cadre rythmique et formel qui a été “taillé” pour contenir une multitude de synchronismes.

D’autre part, un autre objectif de la tempo map est d’introduire un peu de caractère rubato dans la pulsation, et agrémenter le flux rythmique de quelques “points d’orgue” en fins de phrases. C’est souvent très utile pour faire respirer l’œuvre musicale, pour donner une sensibilité accrue, plus de vie à son interprétation. Cela est notamment indispensable quand le style musical choisi s’inscrit dans l’héritage des compositeurs classiques.

Que contient une tempo map ?

Le cadre rythmique et formel que fournit une tempo map contient les aspects suivants :

#1 – Les différentes métriques que va suivre la composition.
Même si par exemple le morceau adopte a priori une métrique stable, cyclique, il n’est pas rare qu’à des moments ponctuels, le cycle soit interrompu ponctuellement par un ou quelques temps en plus ou en moins dans une mesure.

#2 – Les différents tempos que va suivre la composition. Des variations de tempo peuvent s’expliquer par :

  • Un style rubato : qui implique des variations autour d’un tempo moyen, pour des raisons expressives. Le style rubato peut notamment générer parfois des ralentissements très importants, souvent en fin de phrase musicale.

 

  • Plusieurs parties dans le morceau, qui chacune possède son propre tempo (et d’ailleurs aussi, souvent sa propre métrique)
  • Un parti pris d’accélération ou de décélération progressive de la musique

#3 – La structure formelle de la composition.
Cet aspect n’est pas à proprement parler rythmique, mais il décrit bien une chronologie d’événements : les différentes parties que fait entendre le morceau.
L’analyse formelle peut aussi s’attacher à «cartographier» les positions de départ et de fin de chaque phrase musicale contenue dans une partie.

 

Toutes ces variations de métriques et de tempo, et cette analyse formelle, constituent donc la tempo map du morceau à composer.

Il s’agit pour le compositeur d’inscrire toutes ces informations dans son logiciel de type DAW, comme des valeurs «automatisées». De telle sorte qu’en lançant la lecture du projet, le métronome du DAW et sa grille midi font entendre et font voir les variations de ces valeurs.

La structure formelle peut être simplement représentée graphiquement en utilisant des régions (ou clips) midi vides auxquelles on associe différents noms et couleurs.

Tempo mapping à partir d’une temp track

Sur ce sujet, voir la page « synchronisation de temp tracks ».

Lorsque le compositeur est face à une temp track dont il cherche à s’inspirer, notamment pour sa structure rythmique et formelle, il opère donc ses calculs de tempo mapping d’après cette temp track .

Il commence par analyser, avec ses oreilles et ses connaissances, la métrique de la temp track et les éventuelles variations de celle-ci. Afin de les écrire dans la courbe qui sert à les automatiser tout au long de la Timeline.

Un logiciel DAW doté de bonnes fonctionnalités pour la musique de film (comme Logic, Cubase par exemple) embarque notamment celle qui permet les calculer de façon rapide et précise, le tempo d’une portion d’audio, et de l’appliquer à la Timeline du projet (si vous renseignez le nombre de temps auquel correspond cette portion, et la valeur rythmique de ce temps).
D’un DAW à l’autre la méthode est la même, bien que dans le détail des opérations techniques, chaque logiciel a son propre design (rangement des fonctionnalités, graphisme etc.).

Une fois que le tempo mapping a été fait à partir d’une temp track, alors les positions temporelles musicales (numéro de mesure, suite des temps, de croches ou doubles croches)  qui sont indiquées dans la barre de transport, et qui défilent avec la lecture du projet, correspondent bien à la réalité de l’extrait musical de référence. Il en est de même pour les métriques qui varient, en étant indiquées aux moments opportuns.
En d’autres termes, quand elle est correctement opérée d’après la temp Track, la tempo map du DAW est bien synchronisée à cette temp track.

Même si, par la suite, le compositeur choisit de composer une musique dans un style très différent de celui de la temp track, en tous les cas, s’il utilise la tempo map qui en est issue, la structure rythmique de sa création musicale originale demeurera identique.

Ainsi, si la temp track contient des synchronismes, alors sa composition bénéficiera des mêmes synchronismes. Et ceux-ci seront encore plus renforcés s’il reproduit aussi dans sa composition la structure formelle de la temp track.

C’est sans doute là l’apport le plus important de cette technique de composition d’après une temp track : disposer d’un cadre rythmique et formel préétabli qui contient déjà de nombreux synchronismes. Il confère à la composition une grande part de son efficacité vis-à-vis du film auquel elle est synchronisée.

Bien entendu, les temp tracks apportent aussi des inspirations possibles sur d’autres aspects comme notamment le style musical et les émotions contenues. Ce style et ces émotions découlent de l’harmonie, du dessin et du style mélodique, de l’orchestration, du style rythmique etc. Mais, comme expliqué dans la page «Synchronisation de temp tracks», le compositeur doit nécessairement trouver une façon de différencier sa création originale de la temp track. Et il le fait en jouant sur ces ingrédients de style.
Concernant la structure formelle et rythmique, il est plutôt intéressant pour lui de ne pas chercher à différencier sa composition de la temp track, et donc d’en conserver la tempo map, afin de profiter de l’efficacité de celle-ci.

Comment tempo mapper le projet d’après une temp track ?

C’est une technique longue à expliquer, que nous étudions en détail lors des séances de la formation MUSIQUE DE FILM de l’Atelier 440.

Néanmoins, le 6 avril 2024, après avoir animé un Live Stream pédagogique sur la technique du tempo mapping d’après une temp track  (sur Zoom), que j’ai enregistré, j’ai produit un montage de la vidéo de ce cours en visio (tant bien que mal avec un logiciel de montage qui s’est avéré assez peu adapté à ce travail).

La première partie de ce Live Stream explique cette technique. Vous pouvez découvrir cette vidéo sur YouTube :

 

Musique de film – Technique du tempo mapping – partie 1 – Atelier 440